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La greffe de cornée, également appelée kératoplastie, est une intervention chirurgicale délicate consistant à remplacer tout ou une partie de la cornée abîmée par une cornée saine provenant d’un donneur. La cornée est la membrane transparente située à l’avant de l’œil, jouant un rôle essentiel dans la vision en permettant la transmission et la mise au point de la lumière sur la rétine.
Lorsqu’elle devient trouble, irrégulière ou cicatricielle, la vision se détériore fortement, et seule une greffe peut parfois la restaurer.

Les greffes de cornée représentent aujourd’hui une avancée majeure de la chirurgie ophtalmologique. Grâce aux progrès de la microscopie et des techniques de conservation des tissus, le taux de succès dépasse les 90 % dans de nombreux cas.

Mais il existe plusieurs types de greffes, chacune adaptée à une pathologie spécifique. Découvrons-les en détail.

Pourquoi la greffe de cornée est-elle pratiquée ?

La greffe de cornée est indiquée lorsque la cornée a perdu sa transparence ou sa forme naturelle. Les principales raisons incluent :

  • Le kératocône, maladie dégénérative entraînant un amincissement et une déformation conique de la cornée.

  • Les cicatrices cornéennes après infection (kératite herpétique, bactérienne ou fongique).

  • Les traumatismes oculaires ayant endommagé la cornée.

  • Les décompensations endothéliales dues à une chirurgie oculaire ou à des maladies héréditaires comme la dystrophie de Fuchs.

  • Les opacités congénitales ou acquises limitant la vision.

En somme, la greffe de cornée est envisagée lorsque les traitements médicaux ou les lentilles rigides ne suffisent plus à restaurer une vision fonctionnelle.

Quels sont les différents types de greffes de cornée ?

Il existe quatre grands types de greffes de cornée selon la profondeur du tissu remplacé :

  1. La greffe transfixiante (kératoplastie pénétrante)

  2. La greffe lamellaire antérieure profonde (DALK)

  3. La greffe endothéliale (DMEK et DSAEK)

  4. La greffe artificielle ou kératoprothèse

Chacune présente des indications spécifiques, un déroulement opératoire particulier et des résultats visuels distincts.

Qu’est-ce qu’une greffe transfixiante de la cornée (kératoplastie pénétrante) ?

Définition

La greffe transfixiante est la technique la plus ancienne et la plus complète. Elle consiste à remplacer toutes les couches de la cornée (épithélium, stroma et endothélium) par une cornée de donneur.

Indications

Cette greffe est indiquée lorsque l’ensemble de la cornée est altéré :

  • Opacité cornéenne totale

  • Cicatrices profondes

  • Dystrophies étendues

  • Complications graves post-infectieuses

Déroulement de l’intervention

Sous anesthésie locale ou générale, le chirurgien retire un disque circulaire de la cornée malade à l’aide d’un trépan. Il place ensuite un greffon cornéen de taille similaire, suturé avec des fils microscopiques très fins.

L’opération dure environ 60 à 90 minutes.

Suites opératoires et récupération

La récupération visuelle est lente, souvent sur 12 à 18 mois, car la cornée doit cicatriser et les sutures sont retirées progressivement. Le risque principal reste le rejet immunologique, mais il est maîtrisable grâce aux collyres corticoïdes.

Avantages et inconvénients

Avantages :

  • Restaure la vision dans les cas graves.

  • Technique universellement maîtrisée.

Inconvénients :

  • Récupération lente.

  • Risque de rejet plus élevé.

  • Astigmatisme postopératoire fréquent.

Qu’est-ce que la greffe lamellaire antérieure profonde (DALK) ?

Définition

La DALK (Deep Anterior Lamellar Keratoplasty) est une technique conservatrice visant à remplacer uniquement les couches antérieures de la cornée, en préservant l’endothélium du patient.

Indications

Elle est indiquée pour :

  • Le kératocône avancé, sans atteinte endothéliale.

  • Les opacités stromales superficielles.

  • Les cicatrices post-infectieuses sans atteinte interne.

Avantages

  • Moins de risque de rejet (l’endothélium reste intact).

  • Cicatrisation plus rapide.

  • Résultats visuels très satisfaisants.

Inconvénients

  • Technique chirurgicale complexe nécessitant une grande précision.

  • Vision légèrement moins claire qu’après une greffe transfixiante dans certains cas.

Récupération

La vision s’améliore dès les premières semaines, avec un résultat stable après 6 à 12 mois. Les patients reprennent leurs activités plus rapidement.

Qu’est-ce qu’une greffe endothéliale (DMEK, DSAEK) ?

Définition

La greffe endothéliale vise à remplacer uniquement la couche la plus interne de la cornée, appelée endothélium, responsable du maintien de la transparence.
Deux techniques sont principalement utilisées :

  • DMEK (Descemet Membrane Endothelial Keratoplasty) : greffe de la seule membrane de Descemet et des cellules endothéliales.

  • DSAEK (Descemet Stripping Automated Endothelial Keratoplasty) : greffe de l’endothélium et d’une fine couche de stroma.

Indications

  • Dystrophie endothéliale de Fuchs.

  • Décompensation post-chirurgicale (ex. après chirurgie de cataracte).

  • Oedème cornéen chronique.

Avantages

  • Excellente récupération visuelle en quelques semaines.

  • Risque de rejet très faible.

  • Moins de sutures et donc moins d’astigmatisme.

Inconvénients

  • Nécessite un matériel microchirurgical avancé.

  • Risque de décollement du greffon, nécessitant une réinjection d’air.

Résultats visuels

La majorité des patients retrouve une acuité visuelle supérieure à 8/10 en moins de 3 mois. Cette technique est devenue le gold standard pour les atteintes endothéliales.

Qu’est-ce qu’une greffe artificielle (kératoprothèse) ?

Définition

La kératoprothèse est une greffe où la cornée du donneur est remplacée par un implant artificiel transparent. Elle est utilisée en dernier recours, lorsque toutes les autres greffes ont échoué ou sont contre-indiquées.

Indications

  • Rejets répétés de greffe.

  • Maladies auto-immunes sévères.

  • Cicatrices extrêmes après brûlures chimiques ou traumatismes.

Types de kératoprothèses

  • Boston KPro (Keratoprosthesis) : la plus répandue.

  • AlphaCor : implant en polymère biocompatible.

  • Osteo-odonto-kératoprothèse (OOKP) : greffe complexe utilisant une dent du patient pour ancrer l’implant.

Résultats et suivi

Bien que la kératoprothèse permette souvent de recouvrer une vision fonctionnelle, elle exige un suivi à vie, des traitements continus et présente un risque d’infection chronique.

Comment est sélectionnée la cornée du donneur ?

Les cornées proviennent de banques de tissus certifiées.
Avant toute greffe, elles subissent un contrôle strict :

  • Test sérologique du donneur (HIV, hépatite, syphilis).

  • Examen microscopique de la densité cellulaire.

  • Vérification de la transparence et de la courbure.

  • Conservation dans des milieux nutritifs spécifiques.

Les cornées peuvent être conservées plusieurs jours à température contrôlée avant transplantation.

Comment se déroule l’intervention chirurgicale ?

Étape 1 : Préparation

Le patient est examiné minutieusement (mesure de la cornée, topographie, test de compatibilité).

Étape 2 : Anesthésie

L’opération se fait sous anesthésie locale (collyre + injection) ou générale selon la complexité du cas.

Étape 3 : Greffe

Le chirurgien remplace la partie malade de la cornée par le greffon préparé, puis le fixe à l’aide de sutures ultrafines ou par apposition naturelle (dans les greffes endothéliales).

Étape 4 : Pansement et suivi

Un pansement oculaire est posé pour 24 heures. Les collyres anti-inflammatoires et antibiotiques sont prescrits pour plusieurs mois.

Quelle est la durée de récupération après une greffe de cornée ?

La récupération varie selon la technique :

Type de greffe Durée de récupération visuelle moyenne Risque de rejet
Kératoplastie transfixiante 12 à 18 mois Élevé
DALK 6 à 12 mois Faible
DMEK / DSAEK 1 à 3 mois Très faible
Kératoprothèse Variable Risque infectieux élevé

La patience est essentielle : la vision continue de s’améliorer progressivement, parfois jusqu’à deux ans après la chirurgie.

Quels sont les risques et complications possibles ?

Même si les résultats sont excellents, certaines complications peuvent survenir :

  • Rejet de greffe : rougeur, douleur, baisse brutale de la vision.

  • Infection : kératite bactérienne ou virale.

  • Décollement du greffon (dans les greffes endothéliales).

  • Astigmatisme post-opératoire dû aux sutures.

  • Récidive de la maladie initiale (rare).

Le suivi régulier et le respect du traitement postopératoire sont essentiels pour prévenir ces complications.

Comment reconnaître un rejet de greffe ?

Le rejet se manifeste généralement par quatre signes typiques, à ne jamais négliger :

  1. Douleur oculaire.

  2. Rougeur persistante.

  3. Baisse rapide de la vision.

  4. Sensibilité accrue à la lumière (photophobie).

Un traitement immédiat par corticoïdes topiques ou injectables peut souvent sauver la greffe si le diagnostic est rapide.

‍Quelles sont les précautions à suivre après la greffe ?

  • Porter une protection oculaire durant le sommeil et à l’extérieur.

  • Éviter tout frottement des yeux.

  • Suivre le traitement médical sans interruption.

  • Se rendre aux consultations régulières (hebdomadaires au début, puis mensuelles).

  • Reporter toute activité à risque (natation, sport de contact, maquillage).

Une hygiène rigoureuse est la clé du succès à long terme.

Quelle est la durée de vie d’une greffe de cornée ?

En moyenne, une greffe bien tolérée peut durer 10 à 20 ans, voire plus.
Les greffes lamellaires et endothéliales montrent aujourd’hui une longévité supérieure à la kératoplastie transfixiante, notamment grâce à la réduction du rejet.

Lorsque la greffe devient trouble avec le temps, une retransplantation est possible avec de très bons résultats.

Quelles sont les innovations récentes dans les greffes de cornée ?

Les dernières avancées visent à améliorer la précision et la tolérance :

  • Utilisation du laser femtoseconde pour des découpes parfaites.

  • Greffes endothéliales automatisées (DMEK robotisées).

  • Thérapie cellulaire cornéenne (injection de cellules endothéliales cultivées).

  • Cornées bio-imprimées en 3D, en cours de développement expérimental.

Ces innovations promettent de rendre les greffes plus accessibles, rapides et durables dans les années à venir.

Où sont réalisées les greffes de cornée et comment y accéder ?

Les greffes sont pratiquées dans des centres hospitaliers spécialisés en ophtalmologie, souvent en partenariat avec des banques de cornées nationales.
Le patient est inscrit sur une liste d’attente après évaluation par un ophtalmologiste.

En France, par exemple, environ 5 000 greffes de cornée sont réalisées chaque année, avec un taux de succès dépassant 90 %.

À l’international, de nombreux pays (Inde, Turquie, Tunisie, États-Unis) disposent de programmes de greffe performants, accessibles à moindre coût selon les réglementations locales.

Quelle est la qualité de vie après une greffe de cornée ?

La majorité des patients récupèrent une vision nette et peuvent reprendre une vie normale :

  • Lecture, conduite, travail, activités sportives douces.

  • Port de lunettes ou lentilles de correction si nécessaire.

  • Suivi annuel indispensable pour préserver la transparence du greffon.

L’impact psychologique est également positif, redonnant confiance et autonomie aux personnes ayant perdu la vision.

Conclusion : Quelle greffe de cornée choisir ?

Le choix du type de greffe dépend avant tout du type d’atteinte cornéenne et de l’état de l’œil du patient.

  • Pour une atteinte globale : kératoplastie transfixiante.

  • Pour une atteinte stromale : DALK.

  • Pour une atteinte endothéliale : DMEK / DSAEK.

  • En dernier recours : kératoprothèse.

Les progrès techniques permettent aujourd’hui d’adapter la greffe à chaque situation, avec des taux de réussite remarquables et une amélioration considérable de la qualité de vie.

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